« Comment la société traite la vulnérabilité de l’enfant et de celles et ceux qui l’accompagnent ? »
- 3 demi-journées de discussion entre acteurs de terrain, chercheurs, artistes et public
- Projection du film « Loup y es-tu? » de Clara Bouffartigues
(PROGRAMME DÉTAILLÉ à venir, LIEU à préciser)
ARGUMENT
La manière dont une société traite les bébés, les enfants, les adolescents, révèle son éthique.
Elle révèle aussi les valeurs qu’elle accorde à la puissance créatrice de l’enfance dans les
pratiques sociales et symboliques des adultes, l’acte de création relevant, en chacun de nous,
de cette puissance imaginaire de l’enfance.
Si après la deuxième guerre mondiale, un souffle humaniste a permis de prendre en charge
la jeunesse sans étoiles et l’enfance maltraitée, il semble bien aujourd’hui que la
prolifération des normes et des lois de protection des enfants constitue un cache-misère des
processus de marchandisation. Des procédures normatives remplacent l’éducation et le soin
et des référentiels impératifs les dominent.
En prônant cette « loi de la jungle marchande », notre société transforme la vulnérabilité,
source de l’acte de création, en faiblesse à éradiquer. Elle prive, ce faisant, les plus fragiles et les plus faibles, mais aussi leur environnement et donc toute la société, des potentialités que recèle cette vulnérabilité : ce qu’elle permet, ce qu’elle offre comme possibilités de trouvailles alternatives, de développement de la
créativité, d’inventions et de changements.
Depuis son origine l’Appel des appels alerte sur ces dérives normatives du néocapitalisme
qui mettent le profit, l’efficacité ou le traitement immédiat et non plus l’humain au cœur de notre société.
Les suppressions de postes dans l’éducation, le soin et la justice, les scandales incessants de
la maltraitance institutionnelle, le détournement des moyens, c’est-à-dire tout ce qui vient de
la logique managériale néocapitaliste, empêche le professionnel d’exercer. Elle fragilise de
même le devenir de l’enfant en tuant dans l’œuf la possibilité de prendre soin de sa
singularité. Cette normativité acharnée est l’outil de domination du XXIe siècle. Elle
masque, grève, plombe, voire obère, toute possibilité de résistance et de création d’autres
imaginaires sociaux.
L’Appel des appels organise ces journées 2026 autant pour lutter contre ces outils que
pour partager, imaginer et mettre en œuvre d’autres manières d’accueillir, d’éduquer, de protéger
et de prendre soin de l’enfance.
Les questions qui seront travaillées en présence de professionnels de terrain et de chercheurs
traiteront de la réhabilitation de la vulnérabilité en puisant dans la « force œuvrière » (1):
dans la pratique de nos métiers, comment œuvrer à partir de la puissance créatrice de l’enfance,
celle des enfants et celle qui est en chaque adulte.
Ces journées s’adressent donc à toutes et tous puisqu’il s’agit de témoigner
et de réfléchir ensemble pour refonder une société humaine autour de nos enfants.
Elles seront précédées, le 15 novembre 2025, d’un séminaire proposé à tous les membres de
l’ADA qui interviendront ou échangeront autour de leurs propres expériences afin de nourrir
la pensée qui préexiste à toute résistance et qui lui est nécessaire.
(1) – cf R. Gori, B.Lubat, Ch..Silvestre, 2017, Manifeste des œuvriers, Actes Sud/LLL